Le chômage : la répression
naturelle du capitalisme
Le patronat l'a bien
compris : pour nous imposer la suppression des cotisations sociales,
la privatisation de la sécu, la baisse des salaires et des
retraites, la casse des services publics, le chômage est une arme
extrêmement puissante. Encore plus si il est accompagné d'attaques
contre le code du travail, contre les prud’hommes, contre les
droits syndicaux, et d'un feu vert pour la répression du mouvement
syndical. Le chômage est une arme puissante parce qu'il contraint
les plus précaires d'entre nous à accepter les conditions d'emplois
les plus détestables mais aussi parce que, plus il est fort, et plus
les salariés sont contraints à subir facilement les pires
conditions de travail de peur d'être touchés à leur tour par le
chômage.
La CGT ayant pris la
mesure de l'urgence qu'il y a à casser l'opposition et la
concurrence qui existent entre les travailleurs en emploi et les
privés d'emploi, et entre les travailleurs en général, notre
syndicat permet l'organisation des chômeurs et précaires au sein de
leur comité, ce qui leur permet de se battre et de joindre leurs
combats aux autres syndicats CGT (de l'industrie, du commerce, des
services publics, etc) par le biais des Unions Locales et Unions
Départementales, qui permettent l'union et la convergence des
travailleurs à la base.
La mobilisation contre
la loi El Khomri
Comme toute lutte de
classe, le mouvement contre la loi El Khomri casse cette division
quotidienne et réunit ceux qui d'ordinaires se font concurrence pour
l'accès à l'emploi. Les travailleurs, chômeurs, précaires,
retraités, étudiants et lycéens font la preuve depuis plus de deux
mois de leur détermination à ne rien lâcher et à ne rien concéder
dans ce conflit qui nous oppose à un patronat qui s'exprime par la
voix du gouvernement du Parti Socialiste.
Et c'est cette unité et
cette détermination qui gène considérablement nos adversaires. Par
leur volonté de casser le code du travail, ils souhaitent non
seulement casser directement les droits sociaux mais aussi nous ôter
les armes juridiques qui participent à défendre et faire valoir les
droits qui resteront. Par leur volonté de réprimer dans les
entreprises, dans la rue, sur les places, voir directement au
domicile c'est le mouvement des travailleurs dans son ensemble qu'ils
souhaitent écraser tel un rouleau compresseur. Mais c'est aussi un
aveux de faiblesse qui démontre de leur peur de la mobilisation,
voir pire, de son amplification et de tout ce que cela serait porteur
en terme de progrès social pour les travailleurs. C'est une fuite en
avant qui sonne le glas d'un parti qui, depuis trop d'années, n'en
finit plus de renier la signification de son propre nom.
Pour le gouvernement
et le patronat,
un seul mot d'ordre : régression !
Notre
expérience des luttes syndicales nous prépare à cette attitude
devenue ordinaire dans les conflits sociaux : le pouvoir
économique et politique joue le pourrissement en faisant durer, en
semant la zizanie et en détournant le débat sur d'autres sujets que
les raisons du conflits.
C'est ainsi que plus
de deux mois de lutte, de débats institutionnels et parlementaires
autour de la Loi El Khomri pourraient accoucher d'un simple recours
au 49.3, un passage en force que François Hollande lui-même
définissait ainsi en 2006 : "Le 49.3 est une brutalité, le
49.3 est un déni de démocratie, le 49.3 est une manière de
freiner ou d'empêcher le débat parlementaire."
De plus en plus
visible aux yeux de tous : la répression et les provocations
de la Police sont mises en évidences et dénoncées par les
manifestants. L'objectif du gouvernement étant de couper les
travailleurs en deux : intimider les uns et pousser à
l'énervement, à la vengeance et à la radicalisation des autres.
La résultante étant
que le débat ne se focalise plus que sur le thème de la
« violence »: celle des policiers, de la BAC et des CRS
aux yeux des manifestants et celles d'une partie des manifestants
aux yeux du gouvernement, des patrons et des médias dont ils sont
les propriétaires.
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Tribunal de Grande Instance à Marseille |
Provocations,
répressions
Dès
les premières manifestations, le gouvernement avait pris la décision
de réprimer. La manifestation du 17 mars à Marseille,
majoritairement composée de lycéens avait été piégée par deux
voitures de la police nationale à qui les ordres avaient été
donnés de doubler la manifestation en passant en plein milieu et en
bousculant les protagonistes. A la première réaction d'un
manifestant, les arrestations avaient été immédiates. Par la
suite, les manifestations non déclarées en préfecture ont
systématiquement connue ce genre de provocation.
C'est
là une tactique ouverte de « bordelisation », mais il en
existe des plus vicieuses comme ces policiers déguisés en
manifestants casqués qui cassent tout sur leur passage et qui
finissent en fin de manifestation par arrêter le premier manifestant
qui est à leurs cotés. Plusieurs cas ont été démasqués comme sur la photo ci-contre en flagrant délit
d'usurpation d'appartenance syndicale.
En
ce qui concerne la répression directe, sans somation, les tires
tendus de flashball, les bombes lacrymogènes, les gazages, même si
nous ne sommes pas surpris, nous n'avons pas besoin de nous étendre
pour justifier du niveau de révolte que cela nous évoque.
Ajoutons
par ailleurs que rien ne justifie, dans nos manifestations, la
présence de la Brigade Anti-Criminelle (BAC). Car jusqu'à preuve du
contraire, au moins depuis le début du mandat « Socialiste »,
les seules crimes que l'on a à déplorer dans les manifestations
sont à mettre sur le compte des forces de l'ordre. En particulier
sur celui de leurs donneurs d'ordre.
Diviser
pour mieux régner
Le poids du chômage et
de la précarité additionnés à ces attaques directes alimentent ce
sentiment d'injustice qui touche les manifestants et qui génèrent
des résistances, de la plus pacifiste : sitting, dying, à la
plus offensive : jet de projectiles. Une réaction spontanée
sur-médiatisée qui est globalement maîtrisée par les forces de
l'ordre, et ce, malgré les risques que font courir les autorités à
leurs subalternes. Il est par ailleurs
plusieurs déclarations de plusieurs syndicats de police qui
témoignent de l'incompréhension des directives qui leur sont
données. S'interrogeant notamment sur la non-arrestation d'éléments
identifiés comme « casseurs ».
Et c'est précisément
pour que nous fassions face à ces prétendus casseurs plutôt qu'aux
casseurs d'emploi que sont le patronat français et ses sbires du
gouvernement, que la CGT est sommée de faire la discipline dans les
rangs des manifestations .
C'est pourquoi nous
devons être clair sur ce point : la CGT appelle à la grève,
aux manifestations et au blocage de l'économie. Elle soutient toute
action qui va en ce sens. Les militants CGT participent à la lutte
de cette manière. C'est pourquoi la CGT trouve scandaleux qu'on lui
assène de faire le travail de la police.
D'autant « qu'en
pleine période de crise » les forces de l’ordre ne manquent
pas de moyens puisqu'il y a moins d'un mois, plus de 650 millions
d'euros ont été débloqués pour les policiers et les gendarmes.
Lire l'article :
Nous
voyons aussi que l'état d'urgence n'est pas un outil de lutte contre
le terrorisme mais bien un outil de lutte contre les luttes des
travailleurs en France. Tandis que les rassemblements commerciaux
peuvent avoir lieux sans encombre, le moindre rassemblement contre la
Loi El Khomri est encadré par la police et les CRS et régulièrement
réprimé violemment.
Réprimer un 1er mai ? Tout un
symbole
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1er mai 2016 au coté
des camarades Kurdes |
Choqués
par la présence des CRS qui ont entouré le début et la fin de la
manifestation du 1er mai, pourtant particulièrement pacifiste en
dépit du climat de lutte, nous dénonçons les contrôles et la
chasse aux manifestants revendiquée par le premier ministre M.
Valls.
Les arrestations arbitraires qui ont eu lieu sont
inadmissibles tant pour les syndicalistes arrêtés à tort que pour
le dangereux « terroriste » mis en garde à vue pour
avoir eut la malchance d'aller jouer à la pétanque ce 1er mai 2016.
Une bien triste occasion pour nous de rappeler ce que le 1er mai
signifie pour le mouvement ouvrier...
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1er mai 1891 : Fusillade des Fourmies |
Partout à travers le
monde, les travailleurs célèbrent ce jour en l'hommage de la grève
générale amorcée le 1er mai 1886 aux Etats-Unis. Les syndicalistes
y revendiquaient la journée de 8 heures de travail maximum. La
répression fut très dure : à Chicago 3 syndicalistes furent
assassinés par la police, 4 furent pendus, et un se suicida
mystérieusement dans sa prison. Par la suite le mouvement ouvrier
international fera du 1er mai une journée de lutte pour la réduction
du temps de travail. La répression y sera très souvent meurtrière.
En
1919, cette journée deviendra un jour férié en France. Pour nous
c'est une journée pendant laquelle nous rendons hommage à nos
camarades mort de la répression capitaliste mais aussi pendant
laquelle nous célébrons une journée de la lutte internationale des
travailleurs, pour leur affranchissement de l'exploitation
capitaliste.
NOS OBJECTIFS, NOS MOYENS
Notre objectif principal
est le retrait total de la Loi El Khomri et pour cela nos armes
principales sont la grève, les rassemblements, les manifestations et
le blocage de l’économie. Nous faisons plier le patronat en
cessant de lui produire ses précieux profits. De plus la grève
permet de libérer du temps aux
travailleurs pour organiser des actions en convergence avec leurs
camarades en lutte. Les privés d'emploi organisés à la CGT se
joignent à ce combat en participant aux actions, toujours solidaires
des travailleurs en emploi, en particulier les précaires des petites
entreprises afin qu'eux aussi aient la possibilité de se joindre au
combat sans se faire licencier. La question qui nous est commune à
tous étant l'exploitation du travail que génère la propriété
privée des entreprises.
Face
à un système de production qui suffoque, les luttes des
travailleurs portent en elles tous les outils nécessaire à la
transformation de la société. C'est pourquoi nous nous devons de
donner à ces luttes toutes les possibilités d'expressions
conséquentes.
Voir la manifestation du 28 avril
« Conséquentes »
car le piège qui nous est tendu est de tomber dans un affrontement
stérile à la police, non seulement parce qu'il nous détourne des
responsables véritables mais parce qu'il entraîne une spirale de
complications qui absorbent tout le temps des militants : autant
de temps passer devant un tribunal ou devant un commissariat c'est
autant de temps perdu à convaincre et à mobiliser. Même si la
répression n'est jamais voulue, c'est en gardant notre sang froid
que nous gagnons en crédibilité et que nous faisons la preuve de
notre détermination. Le mouvement des travailleurs n'est pas un
mouvement spontané fait d'actions symboliques, il se construit par
la convergence des luttes et avance sûr de lui-même en massifiant
ses rangs et en multipliant les actions contre le capital.
Pour l'arrêt de la
répression des manifestations
et des rassemblement des travailleurs
Pour l'abandon des
peines encourues
par les manifestants contre la loi El Khomri
Pour l'arrêt immédiat
des sanctions et licenciements
pour les salariés en lutte dans leurs
entreprises
POUR LE RETRAIT DE LA
LOI EL KHOMRI